Paroles d’artisans et d’apprentis

Bruno Alcaide

« Je suis un fervent défenseur de l’apprentissage »

Bruno Alcaide

Artisan mécanicien automobile

J’ai ouvert le garage en décembre 2011. Pendant un an, j’ai préparé mon installation. J’ai travaillé seul avant d’embaucher Émilio en 2e année de CAP, en septembre 2012. Comme il avait arrêté en cours d’année son CAP, il a redoublé sa 2e année. Il a repris confiance et obtenu son CAP, la MC et aujourd’hui il est en 1ère année de CQP*. J’ai souhaité participé à cette nouvelle aventure au CFA de Rivesaltes. J’ai un deuxième apprenti mais c’est plus difficile pour stabiliser ce poste, j’ai beaucoup de turn over. La mécanique est un métier que l’on ne peut pas faire par défaut. Mon but est de garder les jeunes que je prends en CAP. Je suis un fervent défenseur de l’apprentissage. La formation pour les métiers manuels, c’est l’apprentissage. C’est en forgeant que l’on devient forgeron. Les métiers de l’artisanat, on les apprend beaucoup mieux en regardant par-dessus l’épaule. Une opération ne peut être faite à la perfection qu’après l’avoir recommencée 10 fois, 100 fois… J’en suis convaincu, car c’est mon parcours. Alors qu’à l’époque où je suis entré en apprentissage c’était considéré comme une voie de garage…

Au collège j’étais un bon élève, donc j’ai suivi le cursus général sans me poser trop de question, mon projet était encore flou. Puis c’est devenu une évidence. J’ai toujours aimé bricoler les voitures radiocommandées à moteur, les scooters, les motos… monter et démonter les objets pour analyser, comprendre. Après un an de seconde, je me suis réorienté vers une première année de BEP en alternance chez Peugeot Saint-Estève pendant 2 ans, puis j’ai continué avec le BAC Pro à Lézignan, qui n’était pas encore enseigné au CFA. J’étais très motivé, j’ai fait l’aller-retour tous les jours pendant 2 ans. J’ai obtenu le BEP en 2007, la Bac Pro en 2009. Après avoir travaillé chez les principaux constructeurs pendant mon apprentissage, je me suis inscrit en intérim pour cumuler les expériences, chez d’autre constructeurs et en centre auto.

On demande de choisir très jeune de choisir un métier en comparaison avec les jeunes qui vont à la fac. En apprentissage, on apprend « du sûr » et on a un diplôme, de l’expérience et on trouve du travail. La pratique en apprentissage c’est de l’expérience professionnelle. On m’a donné ma chance et je prends plaisir à transmettre à mon tour. Je prends des jeunes en apprentissage et en stage, c’est sympa, il y a toujours 1 ou 2 stagiaires dans l’entreprise. Il y a un CAP, 1 CQP, 2 PRQ, des stagiaires de lycée professionnel. J’ai été formé dans un garage familial proche du client. Il est essentiel pour moi de réaliser un travail de qualité tout en formant des jeunes et leur expliquant les choses. Je vois mon garage comme un garage foyer et mon meilleur exemple, c’est Émilio. Il a un beau parcours.

Adresse : Garage Bruno Alcaide, Le Soler Tél. : 04 68 51 09 71

 

Émilio Braga Direito et Bruno Alcaide

« Je suis content de venir travailler »

Émilio Braga Direito, 21 ans

1ère année de CQP* à l’IRFMA de Rivesaltes – Apprenti au Garage Bruno Alcaïde, Le Soler

Je suis entré en pré-apprentissage à 15 ans en mécanique auto puis j’ai continué en CAP. Au départ c’était le hasard, il y avait une place dans un garage. Je suis parti du collège car je voulais travailler, je savais que ne percerai pas dans les études.

En CAP, j’ai eu une mauvaise expérience et nous avons rompu le contrat. Au CFA il y avait une offre d’apprentissage chez Bruno, je me suis présenté, j’ai fait un stage d’une semaine et il m’a gardé. Il s’occupe de moi depuis que j’ai 17 ans. Nous sommes les médecins de l’auto : symptômes, diagnostic, réparation… C’est ce que je veux faire. Un véhicule arrive avec un problème, il faut l’identifier puis réparer. À force de voir les choses cela rentre tout seul, on sait où regarder.

Le matin, je me réveille, je suis content de venir travailler. Je sers à quelque chose, j’apprends à m’adapter. J’aime le relationnel avec les gens, le fait de travailler, d’être autonome et d’avoir un salaire.

CQP* : Certificat de qualification professionnelle Technicien Confirmé Mécanique Automobile

Laëtitia Palmeri

« Démonter un turbo, ça ne s’apprend pas en théorie »

Laëtitia Palmeri, 25 ans

1ère année de CQP* à l’IRFMA de Rivesaltes – Apprentie au Garage Vincent Picard à Perpignan

Toute jeune, je voulais faire de la mécanique. Mais au collège, la conseillère d’orientation m’a orientée vers la coiffure, l’esthétique. J’ai tenu une semaine en coiffure puis j’ai travaillé dans la restauration rapide jusqu’à mes 20 ans. Mais je ne me voyais pas y faire carrière… Je me suis dit que c’était le bon moment pour commencer une formation en mécanique.

Pour être sûre, j’ai suivi une formation avec la MLJ pour tester trois métiers pendant six mois. J’ai choisi électricien auto, dépanneur poids lourds et mécanique auto. J’ai fait un stage chez un électricien auto pendant un mois puis deux stages de deux semaines en mécanique auto. Ça été une révélation : je veux faire ce métier ! Je me suis alors présentée dans 200 garages pour faire mon CAP en apprentissage mais je n’ai eu que des réponses négatives. Non ce n’est pas possible, c’est trop tard, on a déjà un apprenti cette année… J’ai alors déposé des CV sans photo. Jusqu’à ce qu’un garage me rappelle sur un malentendu en pensant que j’étais un garçon. Pour les convaincre, j’ai proposé un stage d’une semaine et j’ai réussi à décrocher un contrat d’apprentissage. Après le CAP je souhaitais changer de garage, j’étais première de ma classe avec des notes que je n’avais jamais eues au collège ! J’avais 21 ans quand j’ai commencé, je savais pourquoi j’étais là, j’étais super motivée. Quand il a fallu démonter un moteur, j’ai terminé avant les garçons. J’ai envie d’apprendre, j’écoute, je suis au premier rang, je suis là pour ça. Les professeurs de l’IRFMA m’ont aidée à trouver mon maître d’apprentissage, Vincent Picard et je suis chez lui depuis la mention complémentaire.

Comme je me suis arrêtée au collège, je voulais continuer les études et avoir un diplôme plus valorisant. Mon maître d’apprentissage était d’accord pour que je poursuive en CQP. Tout se passe super bien, je n’ai pas de problème d’adaptation. Mon maître d’apprentissage me fait confiance, il me fait réaliser de gros travaux. Démonter un turbo ça ne s’apprend pas en théorie ! C’est forcément de la pratique.

Dans ma famille personne ne fait de mécanique, j’ai toujours adoré les voitures, petite je les connaissais toutes… Une de mes premières voitures, je l’ai complétement démontée pour vendre les pièces. En faire mon métier et être payée pour ça, c’est super ! Démonter un turbo, ouvrir une boîte de vitesse, un moteur… J’aime les travaux de grosse mécanique plutôt que les travaux d’électricité comme la recherche de panne avec valise, les défauts d’électrovanne.

Après le CQP, j’aurai 5 ans de mécanique. Ce sont de bonnes bases, j’aimerais rester dans le garage. Mon maître d’apprentissage a un projet pour me garder à un poste plus polyvalent. C’est du sur-mesure, car je ferais également de l’accueil et de la réception client. C’est un plus, car je suis capable de faire un pré-diagnostic, d’évaluer le temps nécessaire à la réparation, d’effectuer la réparation puis de faire la restitution au client. Je trouve que c’est un bon compromis, j’adore la mécanique, je suis 7 jour sur 7 en bleu de travail, alors au bout d’un moment j’ai envie de m’habiller en fille.

CQP* : Certificat de qualification professionnelle Technicien Confirmé Mécanique Automobile

 

Vivien Vernay

« Je m’épanouis dans l’apprentissage »

Vivien Vernay, 18 ans

Seconde Bac Pro Mécanique à l’IRFMA de Rivesaltes – Apprenti au Garage Cruanas & Fils à Rivesaltes

Après ma 3e, j’ai démarré un Bac pro vente en lycée professionnel, mais en cours d’année je me suis rendu compte que cela ne me plaisait pas. Ma décision était prise de rentrer en CAP mécanique automobile en apprentissage. J’ai alors fait 4 stages de 2 à 3 semaines dans des garages, ce qui m’a permis de trouver mon maître d’apprentissage.

Mon père était mécanicien, j’ai découvert le métier petit à petit ; je l’accompagnais aussi sur des rallyes. Le monde du rallye, c’est ce qui m’a donné envie de faire de la mécanique. J’aime tout, l’ambiance, la compétition, c’est une vraie famille. Je suis en train de monter ma propre voiture. Cette entrée sur les rallyes m’a permis d’apprendre encore plus sur le métier. Mon projet ? Je souhaite continuer les études en CQP* puis ensuite avoir mon propre garage.

Mon maître d’apprentissage me fait confiance et m’encourage. Il montre l’exemple et nous donne envie de travailler sur des gros travaux comme sur les plus petits. Après le CAP, il m’a gardé en Bac Pro, il est d’accord pour que je continue en CQP. En apprentissage, on peut vraiment découvrir le métier, les stages c’est trop court, on ne peut pas s’impliquer autant. Travailler en entreprise, c’est motivant, on apprend mieux. Ça responsabilise, on doit arriver à l’heure et on a un salaire à la fin du mois ! C’est aussi être dans le monde du travail, tout en étant à l’école. Je continue à apprendre, cela me structure. Pour moi, c’est l’idéal. Je m’épanouis dans l’apprentissage.

CQP* : Certificat de qualification professionnelle